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- La Guerre de Cent Ans entre Berry, Marche et Poitou -

 

C’est véritablement en 1356 que notre région entre de plain-pied dans la guerre ; d’abord par la chevauchée du Prince Noir à travers la Marche et le Berry en août, puis par la défaite française de Poitiers le 19 septembre. Le traité de Brétigny, signé en mai 1360, abandonne le Limousin et le Poitou à la souveraineté anglaise : désormais la Marche et le sud du Berry deviennent une zone frontalière parcourue par des bandes de routiers. Le calme revient après la reprise de contrôle française du début des années 1370.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



En 1412, Berry et Poitou sont marqués par les troubles de la guerre civile opposant Armagnacs et Bourguignons : désormais, la guerre se déroule principalement au nord de la Loire et notre région devient le bastion des fidèles du « roi de Bourges » face à la moitié nord du royaume contrôlée par l’alliance anglo-bourguignonne. Le futur roi Charles VII y recrute bon nombre de ses fidèles soutiens durant ces années difficiles.


La chevauchée du Prince Noir

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C'est avec la chevauchée d'Edouard, prince de Galles et duc d'Aquitaine, fils du roi d'Angleterre, que la guerre arrive véritablement en Berry. Parti de Bordeaux avec environ 9000 hommes, le prince pénètre dans la Marche par le dorat le 17 août 1356, puis atteint Lussac-les-églises le 19, avant de passer à Saint-Benoît-du-sault le lendemain. Il est à Argenton-sur-Creuse le 21 puis arrive à Châteauroux qui résiste. Seuls les faubourgs y sont incendiés le 23 août, il en est de même à Issoudun. Vierzon, en revanche, est prise et incendiée.

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L’armée anglaise redescend alors par le Poitou, talonnée par les troupes françaises. La bataille se déroule près de Poitiers le 19 septembre 1356 : l’armée française, sans doute deux fois plus nombreuse, est défaite et le roi prisonnier. Plusieurs seigneurs de la région y trouvent également la mort, dont Pierre Ier, duc de Bourbon ; André de Chauvigny, vicomte de Brosse et Louis Ier de Brosse, seigneur de Sainte-Sévère. D’autres sont faits prisonniers à l’instar de Louis de Malval. Notre région connaît encore d’autres chevauchées dans les années suivantes, dont celle de Robert Knowles, traversant l’est du Berry où ses hommes occupent l’abbaye de Noirlac, en 1359. Au printemps 1370, une expédition conduite par les comtes de Cambridge et de Pembroke pille et incendie partiellement le village de Briantes.

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Dans notre région, l’enjeu n’est pas tant de tenir le plat pays, mais bien les villes et les châteaux. La plupart des gros bourgs et châteaux-forts sont contrôlés par quelques grandes familles aristocratiques souvent parentes : les Chauvigny, Naillac, Malval, Brosse, Culant, Sully, Albret… ou encore par le duc de Bourbon, le comte de la Marche ou l’évêque de Poitiers. Il s’agit pour les rois de France et d’Angleterre de s’assurer la possession des provinces et la fidélité des grands seigneurs de la région. Le maintien de l’ordre est un autre défi majeur : l’autorité royale affaiblie est souvent obligée de s’en remettre aux seigneurs locaux pour assurer la défense, avec un faible résultat.

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Juillet 1372 : Le siège et La reprise de Sainte-Sévère

 

Sainte-Sévère, investie par surprise au début d’octobre 1370, est occupée par une solide garnison anglaise commandée par Guillaume de Percy. Jean de Berry tente alors de racheter la ville à la fin de l’année 1371. Il n’y parvient pas et la reprise de la place est finalement décidée.

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Le siège de Sainte-Sévère débute dans les premiers jours de juillet 1372. L’armée réunie sous les murs de la ville est imposante, atteignant probablement 8000 hommes. Elle est commandée par les ducs de Berry et de Bourbon, par le connétable Bertrand Du Guesclin et le maréchal Louis de Sancerre. Le 31 juillet 1372, alors qu’approche une armée de secours anglaise, l’assaut est lancé. Après un combat long et âpre, les français pénètrent dans la ville et poursuivent les anglais qui tentent de se réfugier, sans succès, dans le château. Bon nombre d’entre eux périssent au cours du combat. Le même jour, un messager à cheval est envoyé au roi pour lui annoncer « la prise dudit lieu de Sainte Sévère ». Ce coup d’éclat est notamment suivi de la prise de Poitiers, le 7 août 1372. Plusieurs chroniqueurs ont rapporté les « merveilles d’armes » faites au siège de Sainte-Sévère, dont Jean Froissart, Cuvelier et Jean Cabaret d’Orville. Ce dernier déclare : « Et sachez tous que l’un des beaux assauts qu’on vit en ce royaume, et guère ailleurs, fut la prise de Sainte-Sévère, mieux assailli, ni mieux défendu ».

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Le conflit est repoussé vers le sud,et désormais le Berry demeure moins concerné et connaît un calme relatif pendant plusieurs décennies.


Seconde phase du conflit en Berry : 1412-1440

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C'est d'abord la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons qui rallume la guerre en Berry. Les brigandages réapparaissent dans les années 1410. Le duc de Berry et le comte d'Armagnac s'opposent frontalement au parti royal en se retranchant dans Bourges qui est assiégée en 1412. Le maréchal de Heilly affronte les troupes rebelles vers Lignière mais les opérations restent cantonnées dans le Haut-Berry, autour de Bourges, et sur la Loire. C'est aussi de ce côté qu'opèrent les principaux routiers tel Perrinet Gressart vers 1420-1430.

En effet, après 1356, les routiers occupent de nombreuses places en Berry et en Bourbonnais. Ils sont encore signalés à Briantes, au Chassin (Tranzault), au Lys-saint-georges, au Pont-Chrétien et au Bouchet. Ils sont aussi nombreux dans le sud de la Marche, souffrant de la proximité de l’Auvergne et du Limousin où la présence des routiers est endémique.

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Devant l'occupation du nord de la Loire par le parti anglo-bourguignon, le « royaume de Bourges » accueille Charles VII. Plusieurs seigneurs berrichons s'illustrent à son service et accompagnent Jeanne d'Arc : Jean de Brosse, seigneur de Sainte-Sévère et de Boussac, maréchal de France en 1426 ; Louis, seigneur de Culan, amiral de France en 1421 ; Jean de Naillac, seigneur de Châteaubrun, grand panetier de France, mort au siège d'Orléans en 1429. Le Bas-Berry est enfin traversé par les compagnies de routiers : celle du Castillan Rodrigue de Villandrando assiège la ville de Sainte-Sévère, qu'elle prend et pille, tuant le bailli de Berry qui la défendait, en 1437. Un conflit familial pour la tutelle des enfants de Jean de Brosse oppose longuement l'amiral de Culan et Marguerite de Malval, entraînant la prise de Bridiers, Malval, Sainte-Sévère, et le siège de Boussac. La vie d'Huguet de Chamborand, seigneur de Lavau à Méasnes, puis de la Motte-Feuilly, illustre bien ces petits seigneurs brigands de la fin de la guerre de Cent Ans.

 

Cette dernière phase d'insécurité correspond à l'édification ou la réparation de fortifications urbaines dans la région (Ardentes en 1425, Boussac entre 1427 et 1447, La Châtre en 1447, Aigurande), ainsi qu'à la fortification de manoirs (Courcenay en 1437, Rochefolle en 1419 et 1439, Sarzay vers 1448-1451, Presle en 1457...). Toutefois, après 1437, il ne semble plus exister d'opérations proprement militaires dans la région – excepté l'épisode de la Praguerie, en 1440, à Bourges - la guerre étant repoussée en Aquitaine, Périgord et Bordelais. L'insécurité, elle, demeure forte jusque dans les années 1460, dont témoigne le vaste mouvement de reconstruction de manoirs fortifiés dans toute la région.

    

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La France au traité de Brétigny 1360

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1356 La chevauchée du Prince Noir

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Champs de bataille de Nouaillé-Maupertuis, Philippe, futur Duc de Bourgogne, protège son père sur le champs de bataille : "«Père, gardez-vous à gauche, Père gardez-vous à droite.»

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