Si le Prince noir est connu, il est entouré par plusieurs brillants capitaines. Certains de ces capitaines, ont le destin lié aux Grandes Compagnies qui terroriseront les campagnes après le traité de Brétigny (1360).
Edouard de Woodstook (1330 -1376)
Edouard Plantagenêt, plus connu sous le nom de Prince noir ou parfois d’Édouard de Woodstock, prince de Galles, comte de Chester, duc de Cornouailles et prince d'Aquitaine. Né le 15 juin 1330 à Woodstock, il est le fils aîné d'Édouard III et de Philippa de Hainaut. Édouard de Woodstock débarque le 11 juillet 1346 en France, à Saint-Vaast-la-Hougue, guerroya en Normandie aux côtés de son père, et participe à la bataille à Crécy en 1346. Mandaté par son père, il arrive à Bordeaux le 20 septembre 1355, en pleine guerre de Cent Ans, pour protéger les possessions Anglo-aquitaines contre les Français. Début octobre, il organise la première chevauchée dans le Languedoc. Cette chevauchée est sanglante, de nombreux villages sont détruits. Au printemps de 1356, il lève une armée de gascons et d'anglais, et mène une deuxième chevauchée à travers le Limousin, l'Auvergne, le Berry et le Poitou. Il est à Saint-Benoît-du-Sault le 20 août, à Argenton-sur-Creuse le 21 et le 22 août. La chevauchée se termine le 19 septembre 1356 à Nouaillé-Maupertuis à côté de Poitiers avec la défaite de l'armée française et la capture du Roi de France.
En 1360, le traité de Brétigny-Calais lui accorde un élargissement de son territoire, il récupère une grande partie de l'Aquitaine historique. La Bouzanne, situé sur le bassin versant de la Creuse marque la frontière entre les possessions anglaises et les possessions françaises. Au Blanc c'est la rue de la poterne qui marque la frontière. Le sud du Berry est donc sur la ligne de front!
Édouard de Woodstock se marie en 1362, on le retrouve ensuite en Castille, où il épouse le parti du Roi de Castille. Il est opposé à Bertrand Du Guesclin et Pierre le Cruel. Epuisé, il rentre en France, abdique de l'Aquitaine 1372, repart vers l'Angleterre et meurt en 1376, 1 an avant son père, 3 ans avant avant Bertrand Du Guesclin et de Charles V. La mort de ses 4 personnages scellent la fin de la première phase de la guerre de Cent ans.
James d'Audeley (~1318 - 1369)
James Audley est né vers 1318. Il est le fils illégitime de Sir James Audley († 1334) de Stratton Audley, et d'Eva, fille de Sir John Clavering. Il entre au service du Prince Noir en 1346, participant à la bataillé de Crécy et y reste attaché toute sa vie. James Audley est l'un des membres fondateurs de l'ordre de la Jarretière, créé en 1348 par le roi Édouard III. Il est présent lors de la première chevauchée du prince Noir dans le Languedoc en 1355. Puis participe à la deuxième chevauchée du Prince Noir en 1356. Ses exploits sont racontés par le chroniqueur Jean Froissard. En 1366, le Prince Noir lui confie le gouvernement de la province de Guyenne. Lorsque les combats reprennent en 1369, il est envoyé comme lieutenant du prince en Poitou et Limousin. Il mène plusieurs campagnes de destruction dans le il meurt le 23 août 1369 et est enterré dans la cathédrale de Poitiers.
Guillaume de Feylton (1312-1367)
Inscriptions aux armes de William Felton et de John Chandos (déjà Poitiers, couvent des Carmes). Poitiers, Médiathèque, ms. 547, t. 2, f. 135.
Texte original sur : http://base-armma.edel.univ-poitiers.fr . Lire plus sur : http://base-armma.edel.univ-poitiers.fr/monument/couvent-des-carmes-poitiers/ .
On trouve souvent mentionné dans les sources de la guerre de cent ans un Guillaume de Felton ou de Felleton, chevalier anglais. Il serait le fils d'un Payen de Felton, Chevalier. Il était l'un des capitaines de John Chandos sous le Prince Noir en France. Il devint à partir de 1361 sénéchal anglais du Poitou et obtint du roi d'Angleterre les châteaux de Cherveux et du Bois-Pouvreau. Au printemps 1363, il a la responsabilité de Bertrand Du Guesclin fait prisonnier à Niort. Vers la fin août, Bertrand du Guesclin « s’échappe » et revient en Bretagne. Guillaume Felton le provoque en duel judiciaire. Le Parlement de Paris donne l’avantage à Bertrand du Guesclin. Il achète en 1365 l'importante seigneurie de Guillac. Après 1340, il fit un mariage presque princier avec Jeanne de Laval. Ils eurent 3 fils : Jean, seigneur de Guillac, Cherveux et Bois-Pouvreau ; Roger, trésorier de Saint-Hilaire ; et Robert. Il participe à la chevauchée de 1356 et passe donc dans le Berry. Au cours d'une expédition militaire en Castille en 1367, lui et son frère Thomas, sénéchal de Bordeaux (à ne pas confondre avec Sir Thomas Felton, sénéchal d'Aquitaine + 1381, mais certainement un parent) sont tués au combat. Sa veuve se remarie peu après 1367 avec Guillaume III, seigneur de Courceriers. Certaines sources prêtent à Guillaume de Felton la prise de Brosse en 1369, ce qui est impossible vu qu'il décède en 1367. Il est probable en revanche qu'il soit responsable d'exaction dans le Berry.
John Chandos (~1320-1369)
Ce dernier est un capitaine anglais chevronnée qui a été présent sur l’ensemble des champs de bataille depuis le début de la guerre. Issu de petite noblesse, la guerre comme de nombreux capitaines des deux côtés lui apportent la renommée et le prestige. On le retrouve ainsi à Cambrai des 1339, puis à Crécy en 1346. Il est comme son prédécesseur, James Audley, l’un des fondateurs de l’ordre de la Jarretière. On le retrouve pour les deux chevauchées du Prince Noir en Languedoc en 1355, puis en en Limousin, Poitou, Berry en 1356. La dernière chevauchée se solde par la défaite du Roi de France et l’emprisonnement de ce dernier en Angleterre. Il négocie le traité de Brétigny en 1360 et est à l’œuvre pendant 2 ans pour soumettre bourgs, villes et châteaux à l’Aquitaine et au Prince Noir du fait du fameux traité de Brétigny. Dans notre sud Berry, la frontière des possessions anglaises est fixée à la Bouzanne, et les châteaux se font face le long de cet affluent de la Creuse. On le retrouve ensuite dans le camp des Montfort dans la guerre de succession de Bretagne puis en Castille. Par deux fois il fait prisonnier Du Guesclin. En 1369, le Prince Noir, Edouard de Woodstock, le nomme donc Sénéchal du Poitou alors qu’il est déjà connétable des troupes anglaises, c’est à dire « comte de l’étable » « comte chargé de l’écurie » responsable donc des relations entre chevaliers ou chargé de la cavalerie.
Au mois de décembre 1369 Jean Chandos séjourne dans la cité de Chauvigny, cité des évêques. La guerre ayant repris, les français ont repris du terrain et Lusignan est aux mains de ces derniers, Saint-Savin aussi. Chandos décide donc le 31 décembre au soir de lancer une offensive et reprendre l'abbaye de Saint-Savin, par une attaque surprise de nuit. Démasqué John Chandos reflux vers Lussac les châteaux, il est suivi de près par les français qui le talonnent.
Les adversaires se retrouvent face à face au pont de Lussac situé 200 mètre en amont du pont actuel à l’époque. Dans l’escarmouche John Chandos fut blessé à mort d’un coup de lance, perçant son visage sous l'œil. Le coup est attribué à Jacques de Saint Martin de Bagnac ou à Guillaume Boitel selon les chroniqueurs. John Chandos, mortellement blessé est transporté à Morthemer, le château anglais le plus proche.
Il meurt le 1er Janvier 1370. Il est inhumé dans l’église de Morthemer.
Robert Knowle (1325 - 1407)
Robert Knowles, seigneur de petite noblesse, né dans le Chesshire, est un capitaine anglais actif dans la première phase de la guerre de Cent ans. Il combat pour la monarchie anglaise mais aussi pour ses propres intérêts. Il est l’un des artisans des Grandes compagnies combattus par Du Guesclin. Il est actif pendant les guerres de successions de Bretagne, où il prend le parti des Montfort. Au printemps 1356, Nous le retrouvons avec Henri de Lancastre, lors de la chevauchée à travers le duché de Normandie dont l’objectif est de rejoindre le Prince Noir dans le Poitou. La jonction ne se fait pas mais le Roi de France est quand même battu à Poitiers le 19 septembre 1356. Après la bataille de Poitiers (1356), Charles II de Navarre lors de sa tentative de prise du pouvoir, achète ses services. C’est l’époque des Grandes compagnies. En 1358, il sillonne la vallée de la Loire en pillant et tuant sur son passage. Il menace alors le Berry. Arnaud de Cervolle quitte la Provence à la fin de septembre 1358 pour aller, avec le titre de Lieutenant du Roi, protéger le Nivernais et le Berry contre les ravages Robert Knolles. En route vers la Nivernais, il est confronté à Arnaud de Cervole. Ce dernier n’arrive pas à le bloquer. Robert Knowles établit son siège à Malicone et poursuit son œuvre en pillant et rançonnant les territoires et les voyageurs. Les deux hommes se ménagent chacun tirant profit de la présence de l’autre, leurs allégeances respectives au Royaume de France pour l’un, et au Royaume d’Angleterre pour l’autre ne se faisant jamais contre leurs intérêts pécunier. En 1359, il prend Auxerre et gagne le titre de Chevalier. Il poursuit ses raids dans le Berry et réussit à faire prisonnier selon certaines sources Guy de Chauvigny (1315-1365), seigneur de Châteauroux et d’Argenton, qui se rendait à Bourges. Ce dernier est libéré contre rançon, il est d’ailleurs jugé à cette occasion que même les villes ayant une charte de communale (dite parfois de liberté) doivent participé financièrement à la libération. « L'affranchissement des habitants de La Châtre date de 1216. La charte octroyée par Guillaume de Chauvigny, seigneur de Châteauroux , porte « qu'ils seront libres et quittes de toute taille , à perpétuité, réservés dix sols tournois et une géline , que chacun chef d'hôtel et père de famille seroit tenu de payer, la veille de Noël , qui la pourroit payer, et les autres moindre somme , selon leur faculté, à l'estimation et arbitrage de quatre prud'hommes d'iceus habitants. » Guy de Chauvigny ayant été fait prisonnier par le capitaine anglais Robert Knolles , fut obligé de lui payer une rançon de 2,000 livres . Ses vassaux , d'après les lois féodales, devaient le rembourser : les bourgeois de La Châtre se prétendirent affranchis de cette obligation ; mais ils succombèrent dans le procès que leur intenta François de Chauvigny, fils de Guy, et se reconnurent taillables dans les quatre cas de loyaux aides . » (Histoire des villes de France, Tome IV). A noter que le nom de François paraît extravaguant au regard de la généalogie, d’autres sources mentionnent que l’objet du conflit n’est pas la rançons mais une dote mariage. En effet, François de Chauvigny est le fils de Guy III de Chauvigny (1407-1483), ce dernier aurait voulu faire payer les habitants de la Châtre en 1459 (Un siècle plus tard…) non pas pour un remboursement de rançon, mais une dote pour le mariage de sa sœur Antoinette. Un conflit suivi entre François et les bourgeois de la ville qui aboutit, après mainte péripétie judiciaire à La Grande Charte de La Châtre de 1463 qui exempte qui exempte la ville des « des 4 cas de loyaux aides » (mariage des filles et des sœurs du seigneur, adoubement du seigneur devenant ainsi chevalier, croisade et rançon si le seigneur est fait prisonnier). Il est possible que ce soit Arnaud de Cervolle qui soit prisonnier et pas de de Guy de Chauvigny.
En 1360, il retourne en Bretagne au service de Jean V et des intérêts anglais. En 1373, il repart en Angleterre et n’apparaît plus sur le territoire français. Il meurt à Sculthorpe dans le Norfolk le 15 août 1407 de mort naturel à plus de 80 ans non sans avoir légué, peut-être un sentiment de culpabilité, une grande partie de ses biens à l’Église pour des œuvres de charité.